Remember the past because he's back [R.]

L’été s’était installé sur Naples depuis trois petites semaines déjà avec son lot de soleil et de bonne humeur. Giacomo n’avait pas le loisir d’en profiter. Malheureusement pour lui, certaines automobilistes ne donnaient pas de congé à leur voiture, que du contraire. Les départs en vacances et petits contrôles de dernières minutes étaient son quotidien pendant la période estivale. L’une des plus chargée sans aucun doute et son employeur ne semblait pas enclin en cette période à lui laisser quelques jours de repos. D’ailleurs, Giacomo commençait vraiment à en avoir par-dessus la tête de ce « patron », si évidement ce terme peut s’appliquer qui ne pense qu’à s’en mettre plein les poches. C’était ans doute le seul endroit de Naples ou l’air conditionné ne semblait pas indispensable aux yeux du patron, il ne l’envisageait même pas en fait. Sans compter les heures supplémentaires impayées que devait supporter les employés. Soit, malgré tout, Giacomo pouvait s’estimer heureux. Quand il était jeune, trouver des petits boulots pour un petit temps avait été aisé, il en avait fait énormément d’ailleurs. Parfois pour quelques jours, parfois quelques semaines. Il avait du faire tout les petits boulots possibles et inimaginables. Poissonnier, caissier, serveur dans un minuscule restaurant, employé dans une station service et même livreur de matelas. Quand il avait fallu se trouver un emploi stable, la tâche s’était révélée plus ardue. Il avait heureusement fini par trouver et un jour avait atterri dans ce garage. Quitter son travail n’était pas envisageable, le loyer gratuit n’avait malheureusement pas encore vu le jour.

La journée était déjà ben avancée, Giacomo était sous une vieille Fiat 500 à tenter tant bien que mal de réparer un pot d’échappement qui était irréparable. La pièce devait indéniablement être changé mais il lui était impossible de trouver de quoi remplacer une si vielle pièce. Or, jusqu’à preuve du contraire, une voiture ne peut rouler sans pot d’échappement. Il soupira, il allait devoir s’inventer des talents de magicien pour espérer contenter un client qui de plus comptait parmi les connaissances de son patron tyrannique. Il tourna la tête vers l’entrée d’où il entendit le bruit de pas. La vision de jambes féminine n’était qu’un prétexte supplémentaire pour ne plus penser à son problème actuel.

Il s’était attendu à tout, même à un homme qui s’épilait les jambes et avait une démarche de femme, vraiment tout sauf la personne qui se trouvait à seulement quelques mètres de lui. Les années étaient passées et il avait cru que les quelques mois de sa vie qu’il avait partagée avec elle étaient rangées dans la case souvenirs. A présent il savait que leur véritable place avait été celle de la nostalgie. Ils étaient jeunes, ils avaient eu l’insouciance de croire que le monde leur appartenait jusqu’à ce que al dure réalité ne les frappe en plein visage.

Il avait longtemps imaginé le jour où il se retrouverait de nouveau face à elle, comment il allait réagir, els milliers de questions qu’il aurait à lui poser. Rien n’est jamais comme on l’imagine. Il restait figé, trop surpris par ce moment inopiné. Il pensait l’avoir rangé au placard, comme leurs photos qui croupissaient entre une vieille carte d’anniversaire et la garantie d’un téléphone portable qui n’était plus en état de marche depuis qu’il était tombé dans une cage d’escaliers il y a bien longtemps. Comme cette histoire inachevée qui aurait du trouver une épilogue. Comme ces brides de souvenirs si proches mais si lointains. Ils s’étaient imaginés beaucoup d’histoires, beaucoup de scénarios mais le plus récurent restaient les lignes qu’ils avaient écrites ensemble et cette rature qu’il avait encore du mal à comprendre. Pourquoi n’avait-elle pas cherché à le contacter ? Elle savait qu’il resterait probablement à Naples jusqu’à la fin de sa vie. Est-ce que ses parents avaient finalement réussi à la convaincre qu’il n’était pas assez bien pour elle ? Il avait été blessé, dans ses sentiments, dans son amour propre, dans sa dignité.

« Je peux t’aider ? » Finit-il par articuler après une longue réflexion.
Ils avaient été contraints de prendre des chemins différents mais leur destin semblait s’amusé à leur créer de nouveaux croisements.

Une nouvelle journée s'était levée sur Naples. Le soleil était à son apogée, un temps génial pour faire une virée ou encore prendre de belles photographies. Natalia était revenue à Naples dans le courant de cette même année, laissant derrière elle ses parents, dont elle ne voulait plus entendre parler. Se détacher d'eux, avait rendu sa vie plus facile. Elle la vivait pleinement, sans se soucier de l'avis de ses parents, qui n'avaient jamais voulu voir et accepter que leur petite fille modèle avait mûri et ne supportait plus l'autorité parentale. Elle n'avait plus cinq ans depuis bien longtemps déjà. Quand elle n'était qu'une petite fille innocente, la vie était plus facile pour ses parents qui se vantaient d'avoir une adorable petite fille. Seulement, les années passèrent et Natalia grandissait. La voir sortir avec des gens qui n'étaient pas « assez bien pour elle » les mettaient hors d'eux. Ils ne savaient pas, les temps changent.

Ce qui était agréable, c'était qu'elle pouvait vivre pleinement à travers sa passion, son métier : la photographie. Derrière l'objectif, elle était une toute autre personne. Tout prenait une autre dimension. Personnes, lieux, objets, tout. La toute première fois qu'elle tint un appareil à la main, elle sût qu'elle allait en faire son métier. Qu'elle était destinée à faire ça.

Le beau temps était au rendez-vous, rien de tel pour faire le bonheur de Natalia. Assise sur sa Vespa, les cheveux au vent, la jeune femme ne pensait plus à rien. La sérénité s'était enfin installée et tout allait bien jusqu'à ce qu'un petit problème fasse son apparition. Elle descendit et observa l'engin de plus près, mais trouver une solution au problème n'était pas de son pouvoir. Elle jeta un coup d'oeil aux alentours et aperçut un garage. Une chance pour elle. Elle abandonna la vespa derrière elle et pénétra dans le garage. Elle scruta l'intérieur, mais elle n'y vit personne, jusqu'à ce que la tête homme, qui ne lui était pas inconnu, fasse irruption de sous une voiture

Giacomo Baresi. Celui pour qui ses parents lui avaient fait quitter la ville de Naples. Celui qu'ils voulaient qu'elle oublie désespérément. Ce qu'elle n'avait jamais réussi. Certes, elle y pensait de moins en moins, mais de là à dire qu'elle avait totalement tourné la page... Ce serait qu'un mensonge de plus. Les fantômes du passé venaient la hanter de nouveau. Elle qui avait cru bon de ne pas croiser le chemin de Giacomo, tout n'allait pas se dérouler comme prévu.

« Giacomo ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? » Se rendant compte de l'absurdité de sa question, elle tenta de passer à autre chose. « Excuses-moi, c'était totalement idiot de ma part. Oui, il se pourrait bien que tu puisses m'aider. J'ai eu un léger problème avec ma vespa. »

Un sourire illumina son visage. Elle repensa à ces années passées où ils s'aimaient encore, où ils étaient encore liés. Période définitivement révolue à présent. A cet époque, jamais elle n'aurait pensé être séparée de lui aussi longtemps. Selon elle, ils étaient faits pour être ensemble. Aujourd'hui, tout avait changé. Ils avaient mûri, n'étaient plus ces deux personnes innocentes et naïves qu'elles étaient avant. Elle avait tout fait pour l'oublier, pensant que jamais elle ne le reverrait, mais ça avait été un échec au grand désespoir de ses parents. Elle avait cherché à le contacter, en vain. Plusieurs fois, elle avait composé son numéro mais jamais n'avait réussi à lui parler. Elle avait qu'elle lui devait des explications, elle n'était seulement pas en mesure de les lui donner aujourd'hui. Du moins, pas maintenant. Mais quand ?

Giacomo aurait pu continuer à se voiler la face, à se conforter dans l’idée que le passé devait rester là où il était et que l’immiscé dans le présent était bien trop compliqué. Il aurait pu … Si seulement elle n’avait pas sourit.

- Flash-Back -

Something in the way she moves
Attracts me like no other lover,
Something in the way she woos me.

« Giacomo, où tu m’emmènes ? »

A l’heure du crépuscule, deux jeunes gens couraient main dans la main dans les rues de Naples sous par moment, les remarques des plus âgées quelque peu déroutés par tant de dynamisme. Les bruits de leurs pas s’arrêtèrent quand ils atteignirent la Marina. A bout de souffle à cause de leur course, ils furent néanmoins éblouis par la beauté du spectacle. Le soleil se couchant sur le port de Naples.

« C’est- »

« Magnifique, oui je sais. » Dit-il avec un sourire taquin.
Un sourire se dessina sur son visage avec un arrière-plan la toile du paysage peint par le caprice des heures. C’était comme si l’estomac de l’italien se retournait sur lui-même et bizarrement, cela ne le gênait pas le moins du monde. Il s’avança et l’embrassa.

Somewhere in her smile she knows
That I don't need no other lover.
Something in her style that shows me.
I don't want to leave her now,
You know I believe and how.

- Fin du Flash-Back -

Giacomo essaya d’enfouir dans sa mémoire ce soir de fin d’été. Il s’était rendu compte qu’il était tombé amoureux d’elle ce soir-là.

Le contexte de leur retrouvaille était si banal qu’il en était ridicule. C’était comme si deux vieilles connaissances ne s’étaient pas vues depuis longtemps, comme s’il pouvait parler de la pluie et du beau temps sans évoquer les années passées. Sur ce point ils restaient des adolescents incapables de vouloir affronter la vérité en face. Du moins pour sa part. Alors il en préférait ne rien dire, même si les questions qu’il s’était posé en silence pendant des années se battaient à présent pour espérer avoir une réponse. Mais il se refusait la liberté de les formuler.

- Et si on allait voir cette vespa ? Dit-il avait un sourire qui se voulait sincère mais qui ne l’était pas du tout. Le regard fuyant, les mains incapables de tenir en place, Giacomo ne pouvait tout simplement pas masquer le trouble qu’il avait de la revoir après tant de temps.

» Beautiful past, unfinished love `
» Kris Rose Greimne | The past souldn't be a burden