Chacun pour soi et Dieu pour tous [Stella]

« A quoi ça sert que j’aille là bas ? M’as-tu demandée une fois si ça m’intéressait ? Non ! Et d’abord tu m’as faite baptiser sans même mon accord, ce n’est que de l’abus de pouvoir !
- Arrête de gigoter, veux-tu ?

La brunette s’excitait dans tous les sens au grand damne de sa mère qui essayait tant bien que mal de lui nouer une natte.

- Mais Maman, il va y avoir des gens là bas
- Oui, c’est un peu l’intérêt d’un groupe, qu’il y ait du monde, sinon tu penses bien que je ne t’y enverrai pas.
- Si tu crois que je vais m’y faire des amis tu te trompes !

Jeanne tira sur la tresse de sa fille en un signe réprobateur, puis elle l’invita à se tourner pour lui parler face à face.

- Le caté, en premier temps c’est pour ton éducation religieuse, c’est quelque chose que les parents apprennent à leurs enfants, et quand tu sauras tout sur tout, tu pourras décider toute seule de croire ou non
- C’est facile de dire ça, t’es tranquille pour pas mal d’années parce que jamais je n’aurais le courage de tout savoir !

Jeanne sourit à Angie. Les yeux de la petite brillaient, et sa voix trahissait un nœud à la gorge. En France, elle avait reçu une éducation catholique plutôt libre, mais la foi restait présente même si les évenements ne collaient pas vraiment avec l’idéal chrétien.

- Ecoute Angélique, si tu refuses de fréquenter des gens de ton âge tu vas devenir de plus en plus acâriâtre
- Tu veux dire plus que maintenant ? J’y suis pour rien si les enfants sont stupides !
- Ça sert à rien de vouloir grandir trop vite, crois moi, tu aurais l’impression de passer à côté de quelque chose. Et elle pouvait parler en connaissance de cause.

Jeanne aimait Angie plus que tout au monde et pas une fois elle ne regrettait de l’avoir mise au monde, pourtant sa jeunesse s’était enfui avec pampers et bledina.

- Je suis désolée Maman ! dit la fillette comme pour s’excuser d’exister.
- Ça va pas non ? Tu n’as aucune raison d’être désolée !

Angélique était la raison de vivre de Jeanne, sans elle, la vie aurait été bien fade et ce n’est pas pour quelques sorties en boîte ratées qu’elle allait lui en vouloir.

- Va mettre ta robe rose, elle te va beaucoup mieux que celle-ci.
- Et je peux prendre tes boucles d’oreilles avec les james bond girls ?
- Euh, je ne suis pas sûre que ce soit très indiqué pour…

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’Angélique était déjà partie farfouiller parmi les bijoux de sa jeune mère.

Un quart d’heure plus tard, Jeanne et Angie étaient face à la petite église Santa Maria, sacs sur l’épaule, vélos en main. Angélique arborait fièrement la silhouette d’une femme nue tenant un pistolet à chaque oreille tandis que le collier de nouilles roses et bleues donnait un côté décalé à la tenue de Jeanne, c’était ce qu’elle appelait sa panoplie de super maman. Si elle osait sortir avec les bijoux faits mains offert par sa fille alors qu’elle avait 4 ans, cela prouvait bien qu’elle se souciait d’elle. Deux petits garçons au moins deux fois plus petits qu’Angie poussèrent la porte de la salle presbytérale qui jouxtait l’église.

-Quand faut y aller, faut y aller.

Angélique attacha son vélo avec celui de sa mère à une barrière de fonte. Puis elles pénétrèrent toutes deux dans la salle de réunion. Seules au milieu de parfaits inconnus, elles adoptèrent la même attitude. Droites, pas un mouvement et un léger déglutissement pour éviter d’étouffer. Jeanne se détendit en apercevant une jeune femme se diriger vers elles, mais Angélique restait sur la défensive.

-Bonjour, je suis Jeanne Delcourt et voici Angélique. Commença-t-elle en tendant la main puis en désignant sa fille.

» On a tous besoin de curry. [R.]
» Une grande soeur pour Donatella