Plouf [Matteo Benotio]

« Enfin un peu de calme » souffla Jeanne en pénétrant le port de plaisance de Naples. Le sac en bandoulière, les mains dans les poches et les lunettes de soleil vissées sur le nez, elle pouvait enfin profiter pleinement de quelques doux rayons de soleil. Elle venait de déposer Angélique au catéchisme et avait décidé de faire quelques pas parmi les bateaux, histoire de rêver à quelques destinations exotiques qu’elle pourrait découvrir un jour.

Elle salua quelques autres passants de la tête puis s’installa un moment sur une borne d’arrimage afin d’observer le magnifique tableau que la nature offrait. Les navires dansaient sur l’eau tremblotante et elle se complimenta d’être là. La vie était vraiment belle, un travail qu’elle adorait, une petite fille brillante et rusée, quelques relations amicales en bonnes voix, sans plus d’ambition, c’est ce qu’elle aurait appelé une vie parfaite. La jeune femme sortit un livre de son sac, mais face à la beauté du décor, il lui était impossible de se concentrer sur les lignes et leur sens. Elle rangea son bazar et enleva ses chaussures pour les mettre dans son sac. Marcher pied du sur les pontons était très agréable, un air de vacances qui flotte dans l’air, l’odeur de la mer qui inonde les sens. Ce qu’il faut pour se ressourcer. A Turin, des moments tels que ceux-ci était rare, il fallait prendre la voiture et faire des kilomètre pour apercevoir le moindre petit coin bleu. Le bord de la méditerranée lui rappelèrent les ballades en famille à Nice.

Absorbée par ses pensées et marchant à l’instant, Jeanne sursauta lorsque le vibreur de son cellulaire lui contracta le muscle de la cuisse. Elle le sortit avec peine de son jean pour y découvrir un message de son opérateur lui annonçant le renouvellement de son forfait.
« Ils font chier ! J’ai eu la peur de ma vie à cause de leur connerie ! » Sans même comprendre ce qui se passait, Jeanne se sentit basculer d’un coup vers l’eau, bousculée par un joggeur trop concentrer pour faire attention aux autres. En une fraction de seconde, son téléphone portable se retrouva propulsé sur le bateau le plus proche et Jeanne évita la chute de peu.

Grognant après le malveillant, elle réfléchit à une stratégie pour récupérer son portable sans passer pour une voleuse. Elle posa son sac à terre, priant pour que personne ne le lui vole et s’agenouilla face à la poupe du bateau. Puis elle tendit son bras espérant atteindre l’objet sans mal. Elle se sentait ridicule à grignoter des centimètres avec le bout de ses doigts. « Si je ne met pas un pied dans le bateau on ne pourra pas me le reprocher. » pensa-t-elle. Plus elle avançait son corps, plus le bateau s’éloignait du ponton et elle avait le plus grand mal à le maîtriser. « Allez encore quelques centimètres, allez »

- Eh ! Qu’est ce que vous faites !

La voix avait surgit de nulle part et en l’espace d’une seconde, Jeanne, surprise, tomba dans l’eau la tête la première.