Is it broken ? Can we work it out ? [STORM]

La main dans la poche, il chercha les clés frénétiquement alors que son autre main était déjà occupée à tenir sa guitare et qu'il tenait le courrier qu'il avait récupéré quelques instants plus tôt, dans la bouche. Il était dix-neuf heures passées. Il avait rejoint Teseo, son ami, pour une répétition avant le lendemain où ils devaient se produire dans un petit bar de Naples. Il avait encore sa tenue de pompier sur lui et il avait un mal fou à retrouver ses foutues clés. Après quelques secondes à se débattre avec sa poche, il les trouva enfin et les inséra dans la serrure. Deux tours après il entrait enfin dans son appartement. Enfin. Alors qu'il refermait la porte derrière lui avec son pied, une tornade brune se précipita sur lui. Alors qu'elle allait à son habitude se jeter sur lui, elle se stoppa quand elle vit le courrier dans la bouche du jeune homme et elle le prit en souriant. Il en profita pour s'emparer de ses lèvres. Toute la journée, toute la journée il avait pensé à elle, il pouvait enfin la sentir près de lui. Il lâcha ses lèvres après quelques secondes et posa sa guitare dans l'entrée alors qu'il déposait ses clés sur le petit meuble.

« Ça a pas un très bon goût le papier... » Affirma-t-il en souriant alors qu'il posait ses mains sur ses hanches, enfin libéré de tous ce qu'il avait dans les mains. Son visage s'approcha du sien et il encercla sa taille de ses mains pour la coller finalement à lui. « Tu crois que tu pourrais m'aider à faire passer le goût ? » Souffla-t-il d'un sourire mutin alors qu'il s'emparait à nouveau de ses lèvres et approfondissait le baiser d'avantage que le précédent.

C'était fou comme il pouvait l'aimer. Fou qu'il n'ait aimé qu'une seule et unique femme tout au long de sa vie. Bien sur il en avait connu d'autres. Mais personne ne lui arrivait à la cheville. Elles étaient toutes sans intérêt comparées à elle. Son monde n'était complet que quand elle se trouvait dans les parages. Elle était celle qu'il voulait pour l'éternité à ses côtés. Sa main remonta vers son visage et il le lui caressa avant de la poser dans le creux de son cou. De sa main, il attira son visage vers le sien et déposa un baiser sur son front.

« Faut que je prenne une douche. » Souffla-t-il son front posé sur le sien. Son regard plongea dans le sien et ils restèrent ainsi quelques secondes avant qu'un sourire malicieux ne s'installe sur ses lèvres. « J'espère que tu n'en as pas pris une... »

Sa main descendit finalement vers le bas de son dos et il la glissa sous le haut de sa compagne, attrapant sa lèvre à l'aide de ses dents au passage. Toutes les soirées se ressemblaient, heureux de se retrouver, ils passaient la première partie à se montrer à quel point ils pouvaient s'aimer, puis ça dégénérait ensuite. Comme s'ils ne pouvaient pas passer un jour sans s'engueuler. Rien qu'à s'aimer. Il l'attira avec elle alors qu'il reculait vers la dite salle de bains. Après tout il ne lui demandait pas son avis. Un sourire mutin coincé au bout des lèvres, il la regarda un instant alors qu'il refermait la porte de la salle de bains derrière eux et s'emparait à nouveau de ses lèvres dans un baiser plus fiévreux que les précédents.

Leur relation n’allait pas bien. Le voir ne demandait aucune qualification particulière, aucun don hors de la normale, qu’une simple et superficielle logique. Ils avaient dangereusement dépassé le quota des disputes de couples quotidiennes, passant ainsi d’une ou deux à quinze. Les démonstrations de jalousie s’étaient multipliées, de même que les remarques au sujet du bordel ou les commentaires amères sur leurs amitiés respectives. Certains croyaient moins en leur couple que quelques mois auparavant, d’autres ne supportaient clairement plus leurs incessantes prises de tête. Mais ils n’avaient jamais arrêté de s’aimer, et là résidait tout l’espoir de leur duo de choc.
Et malgré leur dispute de la veille, malgré la menace pesante de celle qu’ils auraient sans doute plus tard, Cristinna était incapable de se séparer du sourire qui irradiait l’appartement depuis que Luca y avait mit les pieds. Elle avait répondu à ses baisers avec l’ardeur d’une jeune mariée, avait promené ses doigts fins sur chacun des os de son visage et ses lèvres s’étaient imprimées d’un sourire malicieux calqué sur celui de son copain.

Elle n’avait pas répondu à sa question, se contentant d’étirer davantage ses lèvres en se blottissant davantage dans ses bras. Ils étaient dans uns de ces moments où la communion était parfaite. D’un même élan, ils avaient été pris par cette fièvre commune qui expliquait pourquoi leurs bons moments rachetaient leurs disputes. Ils avaient retrouvé cette complicité qui les caractérisait tant, qui leur avait permis de connaître par cœur chaque centimètre carré du corps de l’autre. La main tâtonnante de Cristinna avait trouvé l’interrupteur de la douche alors que les baisers se faisaient plus insistants et le besoin de l’autre accumulé au cours de la journée plus vif. Leurs gestes illustraient la plus belle des contradictions, amalgamant l’infime douceur de l’amour aux gestes plus pressants calqués sur le côté explosif de leur relation.

Pendant l’instant qu’ils passèrent ensemble à se montrer combien l’autre leur avait manqué, leur couple était la chose la plus invincible du monde.

* * *

Le sol de la salle de bain était encore trempé par endroits, mais même Cristinna n’y avait pas prêté attention. La pièce avait été laissée à l’abandon –et le serait sans doute jusqu’à sa prochaine crise de propreté-, la porte fermée derrière le couple, et c’était maintenant une odeur de café en cours et de savon fruité qui baignait l’appartement. Leur coin de paradis était assombri par la nuit qui gagnait du terrain à l’extérieur, leur offrant toute l’intimité romantique dont Cris raffolait. Bref, le décor ambiant hurlait à plein poumons que tout aurait pu être parfait.

Cristinna avait enfilé cet horrible peignoir gris pelucheux qu’elle s’entêtait à mettre même après avoir reconnu son extrême laideur. Ses cheveux encore humides tombaient lourdement sur ses épaules et le visage revigoré qu’elle affichait aurait pu lui donner un air angélique, si les anges avaient été autorisés à être bruns et basanés.
Elle était debout derrière de sofa où reposait Luca, penchée sur lui. Ses doigts se promenaient avec légèreté sur son torse, dessinant ici et là des cœurs invisibles. Son visage était enfoui au creux du cou de son homme et elle murmurait quelques uns des puérils mots d’amour de son répertoire en déposant aléatoirement des baisers à la base de sa mâchoire. Jusque là, tout allait bien, très bien. C’était donc le signe que leur brisure quotidienne approchait.

« Ça avance, ces recherches de la blondasse parfaite pour votre groupe ? » demanda-t-elle à brûle-pourpoint sans sortir la tête de l’abri confortable qu’elle s’était creusé dans le cou de Luca.