Leave all the rest {R.}

Elle aimait bien travailler le quart de jour. Même si ça posait problème pour ou elle dormirait le soir. Seulement l’ambiance dans le bar était plus détendue pendant la journée, plus facile à supporter et surtout pleine de surprise. Comme voici Tomasi sénior passer la porte avec un poupon dans les bras. Papi Tomate l’avait un jour appelé Aidan en riant. Si elle ne se trompait pas ce devait être Matteo, le fils d’Aidan. Moins que son patron ait nouvellement eu un petit frère. Elle regarda l’homme se promener de table en table dans le bar. Saluant tout le monde à croire que c’était lui qui dirigeait l’établissement. Il lui rappelait son propre père à l’époque ou il avait été heureux. Ne se contentant pas de passer ses journées à grommeler derrière son bar en servant du whiskey. Un jour il avait été heureux et elle avait peine à s’en souvenir. Son sourire était tellement lointain, tout près de l’instinct. Elle se concentra essayant de repasser dans sa tête les souvenirs heureux de son enfance, mais rien n’y faisait. Rien ne lui venait. Tout était noir. Elle avait oublié. Les deux mains appuyées sur le comptoir, elle fronçait les sourcils. Essayant de se souvenir du sourire de Jonas, son frère jumeaux et des coups foireux qu’ils avaient fait ensemble. Elle n’y arrivait pas pourtant elle savait qu’il en avait eu des centaines.

Elle finit par lever les yeux et jeter un regard au petit garçon. Priant secrètement pour jamais il ne vive ce qu’elle avait vécu et vivait toujours. Priant pour qu’il soit grand le jour ou son père rendrait l’âme. Elle aurait aimée savoir qu’il ne vivrait jamais une telle douleur, mais Aidan n’était pas immortel et la situation contraire serait encore plus atroce pour le père. Elle souhaitait seulement qu’il soit grand pour pouvoir comprendre quand ça se produira. C’était simple non.

*Non pas du tout*

En regardant le petit, elle ne pouvait s’empêcher de penser à un des rares regrets qu’elle avait. Son fils, pour elle il s’appeler Declan, mais elle avait su par l’agence d’adoption que les parents d’adoption l’avaient appelé Thomas. Un manque total d’originalité et d’imagination. Il avait eu ses 7 ans la semaine dernière. Elle ne comprenait pas comment quelqu’un que vous ne connaissez pas puisse lui manquer autant. Elle ne l’avait pas élevée. Il n’avait pas grandit à ses côtés pourtant il lui manquait affreusement. Sa présence dans son ventre lui manquait encore aujourd’hui, elle posait une main sur son ventre dans un excès de nostalgie. La première année avait été pire. Entre les épreuves finales pour les bourses au conservatoire, l’accouchement et les procédures d’adoption. Elle se souvenait avoir posé une main sur son ventre alors qu’elle prenait place derrière le piano pour son évaluation finale. Pendant des mois son professeur lui avait répété d’utiliser ce qu’elle avait dans les tripes pour jouer. À ce moment, elle se servit de ce qui n’y était plus. Les larmes ruisselaient sur ses joues quand elle eut finit. Brisée et perdue, elle était sortie de scène en se disant qu’elle n’aurait jamais cette foutu bourse. Septembre suivant, elle commençait la fac de médecine. Elle était la seule de la famille à continuer ses études. C’était sa fierté à une époque, maintenant ce n’était plus rien du tout. Elle doutait pouvoir finir ses études en médecine un jour, mais elle préférait ne pas y penser. Vivre un jour à la fois était le seul moyen de survivre pour elle.

Relevant la tête brusquement en entendant son nez, elle rougit en voyant que l’homme qu’elle avait observé avait pris place devant elle.

« Désolé, M. Tomasi! Vous disiez? »